INFORMATIONS SUR LA RÉGION
Les Bardenas
Le site le plus fantasmagorique des Pyrénées est probablement les Bardenas, avec des décors dignes des westerns. Paysage de contraste allant des terres désertiques chauffées à blanc par le soleil de la "Blanca" aux terres cultivées à grand peine par l'homme de la "Negra". Paysage de couleurs où alternent l'ocre de la roche, le vert des cultures et le bleu du ciel.
C'est un « no man's land » hors du temps d'où émergent des pics torturés, où l'homme n'a pas de place mais dont il goûte l'étrangeté. Ce territoire de 42500 ha, situé aux confins de la Navarre et de l'Aragon, vide de toute habitation, comprend 3 réserves naturelles. C'est un refuge privilégié pour les vautours fauves.
En été, il n'est pas question de partir aux heures chaudes ou d'oublier l'eau ; l'ombre est rare. Dans ce désert ocre balayé par le «caminero», on peut rencontrer, comme un mirage, des lagunes habitées par une faune grouillante.
Les Bardenas sont partagées en deux parties : La Blanca au centre, la plus spectaculaire, comprenant la Blanca baja et la Blanca alta (plutôt rocheuse avec des affleurements salins); la Negra, partie la plus méridionale composée de vastes plateaux semés de blé et de riz, irrigués par des canaux descendant du lac de Yesa.
Le Nord constitue le passage des transhumances des brebis qui vont rejoindre les herbages de Navarre, la pâture est interdite durant tout l'été. A El Paso se trouve une monumentale sculpture en pierre représentant un berger. L'homme n'habite pas dans les Bardenas, il y garde ses bêtes, il cultive sa terre, mais aucun être humain n'y vit. On a pourtant retrouvé des traces humaines datant du paléolithique inférieur, mais à cette époque l'environnement était bien différent.
L'armée n'a pas tardé à s'approprier une partie de la Blanca Alta pour en faire un idéal champ de tir, ce qui a eu pour conséquence de freiner le développement touristique de cette zone.
Bizarrement, ce territoire hors du temps n'appartient à aucune municipalité, ce sont les 19 villages riverains qui l'administrent ainsi que le monastère de la Oliva et les vallées de Roncal et Salazar. On a du mal à penser que les austères et démesurées Angarillones, où résonnent encore des histoires de brigands, étaient autrefois boisées. C'est la destruction des forêts de pins qui a laissé libre cours à l'érosion pour notre plus grand bonheur.
Les "Cuevas" de Valtierra, un hébergement original et chargé d'histoire
Parmi les hébergements dans les Bardenas, il y a les «Cuevas» de Valtierra, des maisons troglodytes où habitaient jusque récemment les villageois. Ce sont aujourd'hui des hébergements confortables, originaux, à la décoration soignée ; ce sont en fait des appartements avec des chambres de 2 à 4 lits, avec salle de bains commune et un salon spacieux.
Ces curieuses maisons font partie du patrimoine local et témoignent du mode de vie des habitants d'autrefois. Une petite histoire... Les « Cuevas » -maisons troglodytes- font partie du paysage de la « Ribera », la région des rives de l'Ebre. Depuis plusieurs siècles, les habitants de ces lieux autour des Bardenas ont profité des talus argileux des terrasses fluviales creusées par le fleuve, faciles à travailler, pour construire ce type d'habitat. Un habitat économique ne demandant que du travail, et qui protégeait efficacement des rigueurs du climat continental de la région, très chaud en été et froid pendant l'hiver.
La plupart des maisons troglodytes que l'on voit aujourd'hui ont été creusées pendant le XIXème siècle et la première moitié du XXème. La plupart des «cueveros», les habitants des «cuevas», étaient des agriculteurs qui construisaient la maison à leur mesure. Avant d'entreprendre le travail, il fallait demander une autorisation à la mairie et payer une petite taxe. Pendant les périodes de mauvais temps ou de faible activité dans les champs, ces agriculteurs laissaient la bêche, prenaient pelle et pioche et, petit à petit, à l'aide de l'eau pour ramollir l'argile compacte, creusaient dans les talus. Pendant que certains agrandissaient leur «grotte» à mesure que la famille augmentait, d'autres entamaient ou terminaient la maison pour pouvoir l'offrir à leur future épouse. Plus d'un mariage attendait la fin des travaux de la maison troglodyte.
Aux villages de Valtierra et Arguedas, la typologie de «grotte» la plus fréquente était l'habitat longitudinal, qui s'étalait le long de la façade pour profiter de la lumière du soleil. Il y en avait aussi à deux étages avec escalier et d'autres qui prolongeaient leurs galeries vers l'intérieur de la montagne. Dans un premier temps on creusait l'entrée, qui constituait la pièce la plus spacieuse, et après on continuait avec la cuisine, dont la cheminée était percée vers le haut de la montagne. Suivaient les chambres, dont le nombre augmentait à mesure que les enfants arrivaient. Parallèlement on creusait le grenier, l'étable, les écuries et d'autres dépendances. Certaines «cuevas» d'après-guerre avaient un four où les habitants faisaient du pain. À l'intérieur, les murs de ces maisons souterraines étaient recouverts d'un crépi et de carrelage au sol. Dans les dépendances, on faisait des creux dans les murs utilisés comme étagères, pour faire communiquer les alcôves ou bien même pour poser une ampoule ou une lampe à huile.
Le résultat donnait des maisons très confortables ; un ancien habitant, aujourd'hui octogénaire, raconte: «Dans notre maison nous avons toujours eu de l'électricité, mais il n'y avait ni sanitaires ni eau: les femmes devaient descendre la chercher au canal et la remonter avec des cruches sur la tête. Plus tard il y avait des transporteurs d'eau avec des mules et une charrette qui menaient l'eau jusqu'à la maison. Malgré ces petits inconvénients, nous vivions très bien, et il y avait beaucoup de jeunesse, de l'ambiance et de la solidarité entre voisins ». Parmi d'autres avantages, une température constante entre 18 et 21 degrés dans une région au climat contrasté: l'hiver, le chauffage n'était pas nécessaire, et l'été il fallait une petite couverture pour faire la sieste.
Comme dans les autres villages de la Ribera, la plupart des «Cuevas» de Valtierra ont été abandonnées entre les années 1950 et 1960, quand la mairie a construit les nouvelles maisons dites «pas chères» des quartiers de El Ratòn et Katanga. Puis, certaines de ces maisons ont été utilisées comme débarras, bâtiments agricoles ou caves à vin. Certaines ont continué a être habitées encore pendant des années surtout par des personnes âgées qui voulaient continuer à vivre comme ils l'avaient toujours fait. Aujourd'hui, certains habitants entretiennent encore la «Cueva» de la famille comme maison pour le week-end. Et d'autres, heureusement, ont été transformées en hébergement.
Les parcs naturels en France et en Espagne
Parc National, Parc Naturel Régional, Espace Naturel Sensible, Reserva Natural ...
Vous êtes sur le point de fouler l'un des espaces naturels protégés des Pyrénées. Mais savez-vous ce que cela signifie ?
De la prise de conscience de la perte alarmante du patrimoine naturel et de la biodiversité sont nées des résolutions au niveau des gouvernements visant à permettre à certains espaces naturels d'être préservés. C'est ainsi que sont apparus, partout dans le monde des Espaces Naturels Protégés.
L'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) définit un espace naturel protégé comme « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associées. »
En France comme en Espagne, on dénombre plusieurs déclinaisons d'espaces naturels protégés, mais leur raison d'être fondamentale correspond toujours à la préservation des caractéristiques écologiques du site.
Au sein de la chaîne pyrénéenne, on ne dénombre pas moins de 18 parcs d'importances régionales et nationales, qui s'ajoutent aux autres types d'espaces protégés, de taille plus réduite (Réserve de Biosphère, Arrêté de Biotope, ...). Leur statut, lié aux enjeux écologiques dont ils sont le théâtre, fait de ces espaces des lieux de prédilection pour des séjours de découverte du milieu naturel.
Il apparaît donc qu'un comportement adapté au milieu sensible se doit d'être observé afin de préserver le site. Ainsi, aux recommandations de respect valables en tout type de milieu s'ajoute une attention accrue concernant celui des formes de vie rencontrées et des cours d'eau :
- Un comportement calme est à observer afin de limiter le dérangement envers la faune présente. Une attitude menaçante envers tout animal est bien entendu à proscrire, et il en est de même concernant la cueillette de toute espèce végétale. Nombre d'entre elles sont par ailleurs protégées internationalement du fait de leur rareté ou de leur statut d'espèce menacée. Respectons-les !
- Les cours d'eau sont également d'une grande fragilité : de leur qualité dépend la vie qui les entoure. Pensez à utiliser des produits (anti-moustique, cosmétiques, savons, ...) respectueux de l'environnement : après usage, leur vie se termine toujours dans les cours d'eau.
En résumé, dans un espace protégé, comme partout ailleurs : « seule l'empreinte de nos pas doit rester derrière nous ».
Pour en savoir plus sur les Espaces Naturels Protégés de France, leurs déclinaisons, et le règlement propre à chacun d'eux, consultez le site de l'INPN, l'Inventaire National du Patrimoine Naturel :
https://inpn.mnhn.fr/accueil/index Plus d'informations sur les Espaces Naturels Protégés d'Espagne :
http://www.spain.info/
CARTOGRAPHIE
- Carte au 1/50000ème " Bardenas " de Comunidad de Bardenas Reales de Navarra. Possibilité de l'acheter sur place.
- Carte " Bardenas Reales " avec topo-guide de Comunidad de Bardenas Reales de Navarra. Possibilité de l'acheter sur place.
BIBLIOGRAPHIE
- « Le Grand guide des Pyrénées ». Ed.Milan.
- « Le Désert des Bardenas Reales et sa région », F. Moncoqut, Ed. Lavielle
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